Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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Messieurs, l’ordre de la noblesse a arrêté ce matin de se rendre dans la salle nationale pour donner au roi des marques de son respect (1).

Voilà le « révolutionnarisme » du premier gentilhomme démocrate en 17891

Entre temps, la chambre de la noblesse avait déclaré que « la faculte d'empêcher, que les ordres avaient divisément, était constitutive de la monarchie, et que la noblesse persévérerait constamment dans ces principes conservateurs du trône et de la liberté (2) ».

Seize membres s’opposèrent à ce « veto », qui n'est rien moins que subversif; parmi eux, cherchez le nom de Noailles, vous ne le trouverez pas!

C’est un peu plus tard seulement que le gentilhomme de cour jugera nécessaire de se faire gentilhomme de peuple. Certes, il lui en coûtera ; soldat, il va être obligé de prendre parti contre des soldats. Il y a quelques jours à peine (1 juillet), une députation de Parisiens est venue solliciter l'assemblée de s’interpo-

ser auprès du roi, afin qu'il graciâät des gardes françaises emprisonnés pour insubordination. Noailles s’est associé à son frère le prince de Poix, député libéral et officier supérieur comme lui, qui a engagé l’Assemblée nationale « à ne point prendre connaissance d’une affaire purement militaire et qui doit être jugée par les lois militaires (3) ». Mais Noaïlles voit (1) Moniteur du 27 juin 1789.

(2) Ibid, 28 mai 1789. 13) Ibid., 4® juillet 4789.