Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

MORRIS RENTRÉ AUX ÉTATS-UNIS 379

les Jacobins, ou à celle qui existe entre ceux qui sont arrivées au pouvoir et ceux qui voudraient y arriver sur les épaules de la populace (mob) !. » Les démocrales se montraïent favorables à la France ou du moins aflectaient de se montrer tels. En 1802 Morris paraissait douter à cet égard de leur sincérité : « J’ai rendu visite aujourd’hui, 24 décembre 1802. au président et à M. et Mme de Pichon, qui semblent trouver ennuyeuse la société de notre capitale. M. Pichon me dit qu'à son avis l'attachement des. démocrates pour la France était simplement une manœuvre de parti pour arriver au pouvoir. Il me dit que Bonaparte n'aurait pas ratifié le traité amendé, si les affaires de Copenhaque et d'Égypte n'étaient pas arrivées. Il me dit que son entourage et particulièrement Talleyrand est contraire à l'Amérique ?. » Quoi qu'il en soit, cette amitié apparente des démocrates pour la France était sans doute une des causes qui poussaient Morris à se montrer antifrançais quant à la politique extérieure des États-Unis. Car il l'était résolument : nous l’avons vu lutter énergiquement contre l'alliance effective avec la France? ; en 1812, quand les États-Unis sont en état de guerre avec l'Angleterre, il combat plus énergiquement encore l'alliance française *.

Mais c'est à l'intérieur qu'il redoute pour son pays la démocratie, la vraie démocratie, et cela d'autant plus que la richesse s’est développée et que la corruption des mœurs se’ manifeste. Aussi, entrevoyait-il comme possible ce dictateur militaire que Mably avait prédit jadis: « Des circonstances insigmifiantes décideront peut-être si, à travers une série de révolutions, nous aboutirons à un despotisme militaire, ou si, par des moyens constitutionnels, nous pourrons monter notre gouvernement à un ton suffisamment vigoureux pour la conduite des intérêts nationaux ?. » — « Les faux principes qu'on a honorés du nom de principes républicains — ennemis de tout gouvernement et irrémédiablement fatals à tout gouvernement — n'ont été adoptés que pour

1. T- IT, p. 468. Lettre à M: Mountflorence 2, T. IE, p. 416. — 3. Gi-dessus, p. DST DD IE pus

juin 1805). T. IE, p. 545, 546,

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