Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française
MORRIS RENTRÉ AUX ÉTATS-UNIS 381
Malgré ses craintes et son peu d'espoir, Morris cherchait jusqu'au bout, par ses conseils, à consolider le gouvernement et la force politique de son pays. Au mois de février 18r5 il écrivait encore à M. de Watt Clinton, en vue d'obtenir une législation nouvelle, pour limiter le droit de chasse et de pêche et protéger le gibier. Il suit toujours sa théorie fondamentale: « M'appuyant sur une longue expérience et de mûres réflexions, je n'hésite pas à affirmer que l'abondance, la puissance, la population, la richesse seront toujours en proportion de la sécurité dont jouit la propriété. À moins que l'édifice de da société ne soit démoli par des lois agraires, certains individus deviendront riches. Ceux-là, si on les empêche de jouir de leur fortune chez eux, iront à l'étranger, où ils l’emploieront à en accumuler davantage. Et, si nos institutions sont telles, quelles encouragent raisonnablement le goût et la magnificence, non seulement nos concitoyens riches, qui ont le goût de la dépense, resteront au pays. mais les riches étrangers pourront être amenés par la liberté et l’aisance de nos coutumes à venir résider parmi nous... On admettra facilement que quarante mille dollars, employés en dix ans à bâtir les murs d’un parc, rapportent un faible intérêt en venaison et en pelleteries; de sorte que, sicela était fait dans un esprit de spéculation, le propriétaire serait déçu : pécuniairement il trouverait mieux son compte à bâtir des coffres-forts à l’épreuve du feu. Mais aurait-il plus de profit à dépenser quatre mille dollars pour un objet de lnxe étranger ? L'importation de vins coùteux, de meubles et de vêtements serait-elle plus avantageuse pour sa santé ou pour sa bourse ) Fournir aux besoins des femmes qui en Flandre tissent le beau lin et font la dentelle, cela pourraitil ajouter autant à notre population et à notre richesse que de fournir aux besoins des hommes qui. en Amérique, bâtissent des murs et taillent des pierres, lorsque la guerre demande des soldats ? — Mais, où me laissé-je entrainer ) Je m'étais assis à ma table pour dire un mot des anguilles et, je ne sais comment, ce sujet glissant m'a conduit à un autre plus glissant encore, et plus vite je le quitterai, mieux cela vaudra !. »
1 DIT p.581: