Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française
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charmante et légère, toute prête à l'accueillir. C'était d’ailleurs un Paris bien différent du nôtre. On se battait en duel le soir dans les Champs-Élysées. Le 21 janvier 1790 « pendant, écrit-il, que le comte Dillon et moi nous: nous promenons aux Champs-Elysées, un coup de pistolet se fait entendre; le comte Dillon pense que c'est un duel, car il ÿ en a beaucoup depuis quelque temps. Je ris à cette idée, mais présentement je vois un homme qu'entraine une troupe de soldats ; allant à eux, nous apprenons qu'il vient de se tirer un coup de pistolet, mais il a mal visé, de sorte que la balle, qui est entrée par le front, est sortie au sommet de la tête. Le soldat dit qu'il ne sait pas quel est cet homme, et que lorsqu’ on a tout perdu sans faute de sa part, ce qu'il ÿ a de mieux à faire, c’est de se brüler la cervelle !. » Le Bois de Boulogne était déjà le rendez-vous de la belle société, mais il avait des parties peu fréquentées où jouaient les cerfs et les biches. Morris parle de ces retraites « où nombre de daims bondissants font un très vif contraste avec les belles et les beaux qui sont groupés dans d’autres parties ?. »
La gaminerie est extrème, même dans la plus hautesociété; ou ne songe qu'à s'amuser. Voici, par exemple, la scène qui se passe au Raincey chez la duchesse d'Orléans : « Après le déjeuner, nous allons à la messe dans la chapelle. Dans la tribune au-dessus nous avons un évêque, un abbé, la Duchesse, ses femmes et quelques-unes de leurs amies. Mme de Chastellux est au-dessous à genoux. Nous sommes amusés en haut par une série de petits tours que font M. de Ségur et M. de Cubières avec une bougie qui est mise dans la poche de différents messieurs, l'évêque entre autres, et allumée pendant qu'ils sont occupés ailleurs (car il y a du feu dans la tribune), à la grande joie des spectateurs. Un rire discret est la conséquence. La Duchesse garde son sérieux autant qu’elle le peut. Cette scène est très édifiante pour les domestiques qui sont en face et pour les villageois qui prient en bas. Cette céré“monie terminée, nous commençons notre promenade, qui est longue et extrèmement chaude. Nous montons en bateaux et
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