Hanoar : list jevrejske omladine Jugoslavije
ment, respectć, aimć, choyć presque de vos semblables. Si vous voulez vous gagner la sympathie de ces derniers, il ne faut jamais leur cracher en face la vćritć qui blesse. Monsieur Caldćron, Monsieur Pelossof, le Dr Altaratz et tant dautres? Ge ne sont, croyez-m'en, que des mćdiocritćes cousues d'or. Mais pour me gagner leurs bonnes graces, leur sympathie, leur amitić mčme, je suis obligć de me conduire envers eux d'une facon aimable et polie. Que voulez-vous ? Cela leur fait plaisir. Bt cela ne me codte rien!...»
Tout ce beau raisonnement cut pour e{fet de rendre David pensif, mais non point de le convaincre. — Vous avez peut-čtre raison, pensa-t-il, d'agir de la sorte. Car vous čtes un mćdiocre comme eux. Mais il mest impossible de suivre vos conseils. Car je me sens dans Fabsolue impossibilitć de mentir. Je dois cracher 2 la figure de tous ces gens-la, tout ce que je pense d'eux., Je sens contre eux une haine fćroce, car ils ravalent la socičte humaine au rang: d'une simple famille animale ou la Haine, la Jalousie, la Calomnie, le Crime sont les seules rčgles de conduite. Non ! la socićtć humaine est autre chose. File est supćrieure a2 toute famille animale et doit avoir pour seule base FPAmour. S'ils ne pensent pas de la sorte, les autres, tant pis. Mais il est de mon devoir de leur indiquer le droit chemin. Je m aličnerai leur sympathie ! Mais que vaut pour un homme la sympathie des singes ? II faut que je les redresse, que je leur fasse perdre leurs habitudes vicieuses, leurs dćfauts, leur mćdiocritć. II faut que jćičve leur esprit vers les hautes sphčres de la vie intellectuelle pure, qui pcut seule donner 32 notre socićte humaine la Paix et ! Harmonie qui lui sont si nčcessalres.
David se rendait peu compte, en ce moment-iž, de linćgalitć de la lutte. Car la lutte contre un seul homme est dćja si difficile ! Et que dire d'une lutte gigantesque contre toute la socićtć? S'il est vrai que Ihomme a une intelligence presque nulle lorsquil s'agit de choses supćrieures: de litterature, de science ou d' art, par contre son intelligence est considčrable lorsqu il sagit de perdre son voisin. Tout ce que Ihomme a de ressources intellectuelles, il les met au service du mal avec un art consommć et avec une habiletć rare. II fait avec les connaissances acquises des armes redoutables avec lesquelles il discrćdite, calomnie empoisonne le rival, Padversaire ou le concurrent. L homme le plus bornć, le plus mćdiocre, le plus sot a assez de ressources intellectuelles pour cela. Mais il est surprenant de voir comment les hommes paraissent idiots lorsquil sagit daider le prochain, de le tirer d'un mauvais pas ou mćme plus simplement de le conseiller.
Mais David ćtait de ces rares čtres humains qui dans Fardeur juvćnile d'un sentiment noble et ćlevć, ne pensent pas autant aux difficultes qu a iampleur du but 4 atteindre, de PIdćal a servir.
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