Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

DE L'ÉDIT DE TOLÉRANCE JUSQU'A LA CHUTE DE NAPOLÉON 10)

par la Constitution: « Le gouvernement ne peut adopter, « encore moins salarier aucun culte, quoiqu'il reconnaisse « à chaque citoyen le droit d’avoir le sien. Je réclame la « tolérance et la liberté d'opinion. Que faire donc, dans l’im« possibilité d’éteindre les principes religieux, ni de réunir « tout à coup les citoyens dans la même croyance? C’est de « garantir l'entière et indéfinie liberté de tous les cultes, sauf « à rappeler dans une adresse au peuple les règles de sagesse + que commande cet ordre de choses. » Le discours de Grégoire se terminait par un projet de décret conforme, mais il fut interrompu par des clameurs furibondes, au point qu'il ne put achever. L'assemblée passa à l’ordre du jour. Si Grégoire éveilla peu d’écho à la Convention il eut, en revanche, un grand succès dans la presse et auprès de l’opinion publique qui était lasse de ces luttes religieuses. Son discours fut imprimé et vendu à plusieurs milliers d'exemplaires.

Or, peu après, les généraux, qui commandaient les troupes républicaines, ayant conclu la paix avec les chefs de l’insurrecuüon vendéenne, à condition qu'on respecterait la liberté religieuse des populations catholiques, il n’y eut plus de raison pour refuser au reste de la France ce qu’on avait accordé aux départements de l'Ouest.

C'est dans ces circonstances favorables que Boissy d’Anglas appuya devant la Convention nationale un projet sur la séparation des Églises et de l'État, présenté par Baudin (des Ardennes), Durand-Mailliane et Terral (du Tarn). Boissy d’Anglas, qui était issu d’une vicille famille protestante du Vivarais' et qui devait s’immortaliser par son courage à la séance du 12 germinal an IL, avait vu sa foi calviniste bien entamée par les idées des philosophes du xvin* siècle. Du moins, il avait gardé de son éducation un profond respect de la liberté de conscience.

Ayant à présenter, au nom des comités de salut public, de

1. Boissy d'Anglas, né à Saint-Jean-de-Chambre, près d'Annonay, 1766.