Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
CHAPITRE V
LIBERTÉ DE CONSCIENCE SOUS LA MONARCHIE DE JUILLET
$ 1. La Révolution de Juillet : ses traits distinctifs. Louis-Philippe et les hommes dirigeants de la monarchie de Juillet. — $ 2. Articles modificatifs de la Charte. Lois et arrêts de la Cour de cassation concernant la liberté des cultes et de l’enseignement. — $ 3. Réaction anli-catholique (1830-35). — $ 4. Renaissance et propagande néo-catholique (1836-41). — $ 5. Lutte de l'Eglise romaine contre l’Université pour la liberté d'enseignement (1842-48). — $ G. Faits concernant la liberté de conscience individuelle.
$ 1. — La révolution de juillet 1830 ne fut pas seulement l'insurrection du peuple de Paris contre un roï, qui s'était permis de par son droit divin de violer la Charte fondamentale du royaume ; mais un acte d’émancipation de l'esprit français hors de la tutelle religieuse et de la tradition classique, que les Bourbons avaient tenté de lui imposer. L'alliance entre le trône et l'autel ayant paru sous Charles X plus étroite que jamais, le nouveau régime prit nécessairement d’abord une couleur anti-cléricale et presque anti-religieuse. L'Église catholique souffrit du rôle agressif et dominateur qu'elle avait joué sous la Restauration. À cette époque, le clergé et les congrégations monastiques avaient essayé, avec la connivence du pouvoir, de reconquérir les privilèges et de reconstituer la fortune dont les avait dépouillés la Révolution francaise. L’archevêque de Paris, M£ de Quelen, n'avait-l pas, dans un discours public, comparé les libéraux de lopposition aux corsaires barbaresques ?
Aussi, cette Révolution fut-elle saluée comme une libératrice par tous les amis de la liberté de conscience.
« La Révolution de 1830, écrivait Lerminier, au lende« main de l'événement, est la reprise triomphante du mou-