Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

164 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

Liserré Des eucres. — Le gouvernement de Juillet prit quelques mesures pour effacer les dernières traces d’ingérence du clergé dans les affaires de l'État. Ainsi, on exclut les archevêques de la chambre des pairs et fit enlever les crucifix des salles de tribunaux. Ce n'étaient là, il est vrai, que de mesquines yexations.

Mais quand on voulut aller plus loin et demander l’abolition du Concordat de 1802 ou en restreindre l’application, le gouvernement se mit en travers du mouvement. C’est ainsi qu'il intenta un procès aux gérants de l’Apenir, qui avait publié deux articles violents contre le Concordat (2 février 1831), repoussa les amendements tendant, soit à réduire les crédits affectés aux cultes (février 1832), soit à supprimer par voie d'extinction les vingt évêchés ajoutés par la Restauration aux soixante créés par le Concordat (mai 1833) et fit rouvrir les grands séminaires de Metz et de Nancy qui avaient élé saccagés (6 octobre 1830, 17 février 1837).

MM. de Broglie et Montalivet, en qualité de ministres des cultes des deux premiers cabinets, soutinrent cette politique équitable et ferme à la fois. M. Guizot, protestant, voulait davantage, il réclamait le respect absolu de la liberté religieuse et même la bienveillance envers les représentants de la religion catholique. Il avait, dans un article de la Revue de Paris (6 mars 1831), publié peu après le sac de l’archevèché et de l’église Saint-Germain l'Auxerrois, protesté contre « la liberté violée, les croix insultées et brisées! » et, plus tard, lors de la discussion du budget des cultes, février 1832, il avait, comme député, prononcé à la Chambre ces paroles vraiment libérales : « Si le pouvoir politique du clergé est fini, il faut lui « faire voir que son existence religieuse n’est pas compromise. « La religion est nécessaire pour donner à nos convictions « politiques et morales la stabilité et la certitude qui leur « manque... La religion fait quelques fanatiques; mais,

1. M. Benjamin Delessert, député protestant, avait aussi demandé raison au Cabinet de ces troubles anti-catholiques des 14 et 15 février (séance du 17 février 1830).