Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS LA MONARCHIE DE JUILLET 165

« pour un fanatique, elle fait cent citoyens soumis aux lois, « respectueux pour lout ce qui est respectable, ennemis du « désordre et du dévergondage ».

Le peuple poursuivait de sa rancune les moines, plus encore que les prêtres ; car c’est à eux, aux Jésuites surtout, qu'il attribuait avec son poète favori, Béranger, la réaction cléricale de la Restauration. Aussi, dans l’exaltation de son triomphe, sa fureur ne connut-elle pas de bornes. Il se rua sur la maison des missions (rue d’Enfer à Paris), sur celle des Jésuites, à Montrouge, sur les grands séminaires de Metz et de Nancy, Reims, Lyon, etc., et les saccagea.

Le pouvoir royal, impuissant à réprimer ces excès, cherchait du moins à en prévenir le retour, en interdisant les congrégations militantes. Par deux ordonnances (25 décembre 1830 et 14 janvier 183r) le gouvernement retira l’autorisation à la Société des missions de France, qui avait sous le régime précédent joué un rôle provocateur contre les libéraux’. Sur les réclamations du Conseil général de la LoireInférieure qui la représentait comme un foyer d’agitation légitimiste, il ordonna la dissolution de la communauté des” Trappistes à La Meilleraye (5 août 1831). Il laissa, par contre, Dom Guéranger réorganiser les Bénédictins à Solesmes, et les Jésuites rentrer sans bruit À Saint-Acheul (près d'Amiens) et accorda, sur le vu de leurs statuts, l’autorisalion à un certain nombre de congrégations de femmes. D'autre part, il toléra à ses débuts l'abbé Chatel, ex-aumônier militaire, qui avait fondé à Paris une Église « catholique française » et qui prônait tout un programme de réformes catholiques dans son journal : l'Écho de la religion et du siècle. M. Guizot, comme ministre de l’Instruction publique,

1. M. Merilhou, ministre de l'instruction publique et des cultes, dans son rapport à l'appui du décret du 14 janvier, démontrait que ladite Sociélé avait été autorisée et dotée par Louis X VIIL et Charles X, en violation de la loi du 18 août 1792, qui avait aboli toutes les congrégations d’hommes, et du Concordat et proposait de révoquer purement et simplement l’ordonnance du 25 septembre 1816 et les dons faits par ces deux rois à celte sociélé illégale.