Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

174 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

circulaire de ce dernier aux archevêques et aux évêques, les invitant à visiter les collèges royaux aussi souvent que possible et leur promettant de donner un jour de congé aux élèves à chacune de leurs visites (octobre 1838). Encouragé par cette bienveillance, ME Affre, le jour de la fête du roi (rt mai 18/ 2), se risqua à lui exprimer publiquement ce vœu: « Sire, lui dit-il, le moment est venu de donner à la « France une loi sur la liberté de l’enseignement et de « répondre aux espérances du clergé. » Le roi fut mécontent et ne répondit rien, mais, dès lors, les rapports furent de nouveau tendus avec l’archevèché.

Tout ce que le gouvernement avait accordé, c'était de faire rétablir À la Sorbonne la Faculté de théologie catholique (juin 1841)°. Cinq années auparavant, la Chambre des députés avait repoussé une pétition signée par 145 pasteurs réformés du Midi et réclamant la création d’une Faculté de théologie protestante à Paris, malgré un rapport favorable de M. Dubois (Loire-Inférieure)*, février 1837.

Les magistrats de la Cour suprême et de la cour de Paris ne furent pas moins rigoureux à réprimer le prosélytisme protestant, que les ministres du roi ne l'avaient été en refusant au clergé l'extension de ses droits à l’enseignement secondaire. Dans la plupart des cas, ils rejetèrent les appels ou les pourvois faits par des ministres du culte ou des évangélistes, qui avaient célébré des services religieux en dehors des lieux de culte officiels et sans l'autorisation du maire. Aussi faut-il signaler avec éloge quelques arrêts des tribunaux qui interprétèrent la loi dans un sens plus favorable à la liberté de conscience. Nous avons déjà cité le libéral arrêt de la cour

1. À la rentrée de la Faculté, le cours de l'abbé Dupanloup, professeur d’éloquence sacrée, fut suspendu à cause d’une diatribe violente contre Voltaire, dans sa leçon d'ouverture (novembre 184r).

2. NV. L'Evangéliste (E. Fontanès), n° 29, juin 1837.

3. V. l'affaire Oster, ministre luthérien (à Metz), à la Cour de Cassation, 20 mai 1836. — AfT. Pillot, prêtre catholique unitaire au Pecq, déc. 1836. — Aff. Laverdet, évangéliste réformé à Senneville, à la cour de cassation, juillet 1837.