Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
SOUS LA MONARCHIE DE JUILLET 77
d'Églises réformées. On sait que l’article XLV de la loi du 18 germinal an X interdisait de les faire en public dans les villes où il y avait deux confessions différentes. La Restauration avait laissé dormir cette loi, sans l'abroger et on sait avec quel fracas l’Église catholique avait usé de la liberté pour organiser des processions aux croix de mission et ailleurs. Le gouvernement de Juillet fit observer la loi, sur les réclamations des Églises réformées de Metz (mai 1842) et de Dijon (1843), mais en déclarant qu’ « elle n’était applicable que dans les villes, qui sont le siège d’une église consistoriale! ».
De leur côté, les protestants, sous l’impulsion des hommes dits « du Réveil », qui avaient fondé la « Société évangélique », faisaient une propagande ardente au milieu des populations catholiques. Alex. Vinet, dans son Æssai sur la manifestation des convictions religieuses et sur la séparation de l'Église et de l'État, avait tracé le programme de leurs revendications. Parmi les évangélistes on ne comptait qu'un petitnombre de pasteurs comme Ami Bost et N. Roussel. La plupart étaient des instituteurs ou des colporteurs, qui avaient plus de zèle que d'étude, plus d'entregent que de prudence. Ils procédaient par voie de conférences et de controverses publiques et souvent négligeaient de demander la permission au maire conformément à la loi’. De là de fréquents conflits, des procès retentissants et dont quelques-uns donnèrent lieu à des pourvois en cassation ou à des décisions du conseil d'État ?.
Les deux plus marquants furent ceux de Senneville (18431848) et d’Ahuy (près Dijon)‘. Senneville est une petite commune des environs de Mantes (Seine-et-Oise) qui, mécontente de son curé, avait d’abord fait appel à l'abbé Chatel,
1. V. Le Semeur du 27 juillet 1842.
2. La loi de 1834 avait été confirmée par une circulaire du garde des sceaux en février 1844 (V. Lien du 13 mars de ladite année).
3. V. les affaires de Haguenau (juillet 1842); de Villefavard (HauteVienne); avril 1844; des Baptistes de Chauny, de Manles (Charente, 18/46).
4. V. Le Semeur, à décembre 1844.
Boxer-Maury, 12