Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
230 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE
testamentaire d’une dame T... qui faisait à une demoiselle V.…. un legs « à condition qu'elle serait élevée dans la religion « catholique et la professerait », comme étant contraire au principe de la liberté de conscience. Et le second, sur un plaidoyer de M° Bethmont, cassa la décision d’un conseil de famille, qui avait destitué un capitaine G..., veuf d’une dame catholique, de la tutelle de ses enfants mineurs, parce qu'il voulait faire élever ses enfants dans la religion protestante, qu'il avait adoptée”.
La question des obsèques religieuses et sépultures dans les cimetières communaux donna lieu aussi à des infractions au principe de la liberté de conscience commises par le clergé catholique. Tantôt, en effet, celui-ci essayait d'attirer à l’église les obsèques des personnes dont le culte pouvait prêter au doute ; tantôt, quand il s'agissait de dissidents, sous prétexte que le cimetière était terre bénite, il prétendait reléguer leur corps dans le coin réservé aux suppliciés ou suicidés, ce qui donnait à la sépulture une couleur infamante.
Quelle ne fut pas la surprise des protestants du Midi d’apprendre que la maréchale Soult était morte au château de Saint-Amand (Tarn, 12 mars 1852), munie des sacrements de l'Église catholique ! On savait, en effet, que la duchesse de Dalmatie, veuve du maréchal, était allemande d'origine? et très attachée à la confession d'Augsbourg*. Elle ne fréquentait pas le culte réformé, célébré à Saint-Amand, mais elle entretenait des rapports cordiaux avec M. Salvetat, pasteur de cette église. Ce dernier erut devoir protester dans le journal Le Castrais. Il disait que la maréchale, après la mort de son mari, prévoyant des tentatives de conversion ëx extremis, Vavait autorisé par avance à démentir la nouvelle de son abjuration. On sut, plus tard que la duchesse de Dalmatie avait été l’objet d’obsessions de la part de la sœur
1. Lien du 23 février et 12 avril 1856.
2. Jeanne-Louise-Elisabeth Berg, née à Solingen (Prusse rhénane), avait épousé le général Soult, alors en garnison dans cette ville, le 26 avril 1796.