Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

36 HISTOIRE DE FRANCE,

besoin de recourir à son autorité pour accélérer Punion du jeune réfractaire et de sa libératrice.

La noce fut célébrée avec toute la pompe du hameau ; la chaumière royale rassembla les nombreux convives, et le bonheur s’assit au banquet nuptial ; ils surent le fixer en réunissant autour d’eux tous les objets de leur tendresse.

Telles sont les habitudes des habitans de Chevrières ; tels furent les priviléges de son roi, et les mœurs qui règnent dans son humble royaume.

Heureux dans ses limites, le roi ne les franchit que rarement ; il ne perdit jamais de vue ses montagnes. La seule occasion où il s’en soit éloigné en temps de paix méritait bien une exception : ce fut à l’époque du mariage du duc de Berry. A la tête de l'élite des notables de Chevrières , il alla au devant de Marie-Caroline de Naples jusqu'au territoire du Pin , qui domine la montagne de Tarare. Là il lui rendit hommage ; il était en costume bearnais : il avait adopté ee Costume pour uniforme, en combattant, en 4815, dans les rangs des chasseurs d'Henri IV.

Aussi brave qu'humain , le roi de Chevrières ne se borna point.à affronter la mort dans ses foyers , en les rendant le refuge des proscrits ; il servit aussi de son bras la cause des Bourbons. Dans ses mains , l'outil employé à la culture des champs défendit et le Dieu de ses pères et le sceptre légitime. Louis XVIIL, qui avait apprécié ce dévouement entier et extraordinaire , n’oublia pas le village fidèle qui paya un si touchant tribut à la royauté; il demandait en souriant des nouvelles de son cousin le roi de Chevrères, et le pensionna.

IL méritait en effet d’être remarqué , ce monarque du hameau, qui, lorsque l'Europe asservie tremblait pour tous les trônes menacés, donnait aux souverains la mesure de ce que peut une volonté puissante par sa fermeté... Né sous le chaume, ée roi sut offrir un grand exemple aux princes.