Histoire de la Révolution française
Sieyès et Mirabeau. 7
dans le raisonnement, plein d’imprévu dans l’apostrophe, profond dans la connaissance des faits politiques et dans l'étude des institutions, aucun homme, dans nos Assemblées, ne s’est plus rapproché que lui des grands orateurs antiques.
Mirabeau était à la fois plein de vices et de génie. La profondeur de ses vues et la sagacité de son esprit n’eurent d'égale que sa vénalité.
Sa jeunesse avait été déplorable; mais la faute n'en fut pas à lui seul. Opprimé par sa famille, victime de l'arbitraire royal, ruiné d’ailleurs par ses propres désordres, il avait nourri dans son âme des rancunes et des désirs qui devaient faire de lui le plus redoutable des tribuns.
Plus qu'aucun autre, Mirabeau contribua aux premiers actes de la Révolution; la Cour n'eut pas alors d'ennemi plus cruel et plus insolent, ni le peuple de plus audacieux défenseur.
Mais, après ce premier moment, il fut un des premiers qui, dans le parti populaire, essayèrent de contenir l'entraînement démocratique de l'Assemblée et de sauver la puissance royale de plus en plus menacée.
On a lieu de croire qu’en passant du rôle de tribun à celui de conservateur, Mirabeau était
sincère et convaincu. [Il est malheureux qu’il ait