Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands
LES CATHOLIQUES ALLEMANDS. 107 inutile et sans importance; et, sur le refus du père, il déclara, en ‘imposant les mains à l'enfant et en l'appelant par ses noms et prénoms, l’admettre dans la communauté catholiqueallemande; et fit solennellement promettre aux parents d'élever Jeur enfant dans l'amour de la vérité et de la justice, et dans les sentiments de fraternité universelle envers tousles hommes.
Au printemps 1869, j'ai eu de nouveau l'occasion d'assister au culte des catholiques-allemands à Berlin. C'était dans une immense salle du Conservatoire des Arts-et-Métiers, dont on avait arrangé les banes et les tables à cet effet. L'assemblée était fort nombreuse, presqu'exclusivement composée d'ouvriers. Après un chant, avec accompagnement de trombone, le prédicateur, est monté à la tribune, ornée de fleurs et de feuillage, à l'occasion de la fête qu'on devait célébrer ce jour-là : Ja confirmation des catéchumènes. Après un discours fort long et assez ennuyeux où se trouvaient des déclarations panthéistes assez nettes, et les déclamations d'usage contre les Églises établies, on a célébré la cérémonie. Les jeunes gens assez nombreux s'approchaient successivement, les garçons d’abord, lés filles ensuite, du prédicateur qui leur tendait la main et leur posait une couronne de laurier sur la tête, en prononçant une sentence morale ou une maxime qu'il tirait, soit des classiques allemands, soit de son propre fond. Je n’en ai pas entendu une seule qui füt tirée de la Bible, qui ne joue du reste aucun rôle dans leur culte (ils ont abandonné l'usage du texte), pas plus que Jésus-Christ que je n’ai jamais entendu nommer. J'ai retenu quelques-unes de ces sentences. En voici une, par exemple, adressée à un jeune garçon : « Sois homme, rien de plus, rien de moins. » Et cette autre, adressée à une jeune fille : « Le devoir
. de la femme est de travailler à introduire le bonheur dans son intérieur, » ou quelque chose d’approchant. J'ai remarqué l’attititude résolue et énergique des jeunes garçons ; les jeunes filles
Es . . ° . : _paraissaient plutôt étonnées ou indifférentes. Les assistants ne
Paraissaient pas en général très-recueillis ; j’en ai vu cependant quelques-uns qui étaient fort émus, entre autres le père d’une des jeunes communiantes qui pleurait à chaudes larmes.