Histoire du blocus hermétique de la Suisse, pour faire suite à l'histoire du blocus continental : lettre à Lord Parmerston...

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afin de mieux échapper à l'œil de nos polices, quelquesunes de ces sociétés s'étaient organisées en tribunaux véhémiques pour juger les faux-frères , et s’étaient adjugées le droit de les condamner à mort.

Quoique la résolution de faire des coupables une justice éclatante ne püt être un seul instant douteuse, la manière d'y procéder exigeait beaucoup de circonspection , en raison de ce que le renvoi des réfugiés compromis nécessitait l'accompagnement de quelque mesure législative plus explicite que celle de 1834, et de nature à empêcher le retour de si crians désordres. Or, Von savait que le ministère français prétendrait s’y ingérer, et les législateurs helvétiques voulaient, à juste droit, s’en réserver exclusivement et l'initiative et la discussion. Une lettre confidentielle du chef de la police de Zurich, au Directoire, contient, entre autres, un passage qui fera mieux comprendre l’effroi que leur inspirait l'intervention officieuse du duc de Montebello : «La convenance d'éviter foute intervention recommande assurément de garder pour nous cette affaire, et de nettoyer sérieusement et sans bruit notre maison. »

Malheureusement la chose était impossible, par cela seul qu’on ne pouvait se débarrasser des coupables qu’en obtenant leur passage à travers le territoire français , et que, pour l’obtenir, il fallait en faire la demande.

Tout considéré, le Directoire se borna à communiquer à l’ambassadeur qu'on avait enfin découvert les coupables , qu’on était résozu à en purger, et sans délai , le sol helvétique ; mais qu'on ne pouvait y procéder qu’autant que la France préterait territoire, ce qu’on sollicitait comme faveur.

Cette communication, du 22 juin 1836, évita avec un soin extrême ce qui aurait pu attirer, de la part de l’am-

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