Histoire du blocus hermétique de la Suisse, pour faire suite à l'histoire du blocus continental : lettre à Lord Parmerston...

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posé des souffrances auxquelles il ne saurait manquer de condamner les deux peuples; car, quoique moins sévère que l’autre, il n’en est que plus sérieux, parce qu’ilest réel. Au surplus, comme ce n’est encore ici qu’une guerre à coups d’épingles, né vous en alarmez pas trop pour nous , Milord, et croyez que les Suisses auront la sagesse d’en détourner leurs regards, ainsi que de ne point user de représailles. Ma conjecture est que ce premier déploiement d’hostilités effectives tournera assez vite contre ses auteurs pour les engager à lever à petit bruit leur cordon sanitaire. Mystérieuse ou patente, la levée de cet interdit sera pour nous une satisfaction sans mélange.

Mais il est temps d’en revenir au fond même du procès sur lequel je viens d’anticiper et dont sont déjà surgis tant d’incidens inattendus. Je vais en reprendre l’historique au Conclusum par lequel notre Congrès croyait sincèrement lavoir terminé sans retour.

Le rapport de ses commissaires s’ouvrit par un résumé très circonstancié des faits récemment découverts à la charge des réfugiés. Ce résumé , qui porte le nom de son auteur ( M. le professeur Monnard }, et qui a été publié dans la plupart des journaux de l’Europe , est un modèle de lucidité, de candeur, et de ce qu’on à toujours appelé franchise helvétique. Je défie d'y découvrir la moindre disposition à pallier l’insouciance, ou, si l’on veut, l'incapacité de quelques-unes de nos polices cantonales.

Venait ensuite le projet du Conclusum. Nous appelons de ce nom les arrêtés de la Diète , dont quelques-uns , en certains cas extraordinaires ( et celui que je vais citer est du nombre), n’ont force de loi, d’après le Pacte, qu’autant qu’ils réunissent les deux tiers des votes des vingt-deux Cantons.