Histoire du protestantisme français pendant la Révolution et l'Empire

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son arbitraire que les habitants du petit cheflieu du Léman.

L'année suivante, un Genevois encore donnait à tous un nouvel exemple de dignité, lors de la cérémonie du sacre. Le doyen de l'église de Genève, À. Martin, avait été choisi par l’unanimité des pasteurs français comme président de la députation protestante. La cérémonie eut lieu le 7 décembre. Aucun discours ne devait être prononcé, mais Ami Martin veut dire son mot. Napoléon était sur son trône, à droite et à gauche s’étendait un vaste demi-cercle formé par les illustrations civiles, politiques et militaires. Le doyen prie ses collègues d'attendre que la foule soit un peu écoulée. Arrivé devant l’empereur, il s’incline, et contre toutes les règles de létiquette : Sire, dit-il à haute voix! Napoléon fait un geste énergique pour lui imposer silence, et un murmure de désapprobation s’élève dans l'assemblée. Martin insistant du regard, Napoléon, sans doute frappé de son air vénérable, fait un geste d’acquiescement. Le pasteur, à la profonde stupéfaction de

tous, lui adresse alors les paroles suivantes : *

1 D’après Gaberel, LIT, p. 394 et suivantes.