Histoire du protestantisme français pendant la Révolution et l'Empire

— 138 —

quelque sorte le même prestige sur nos âmes, surtout lorsqu’à la souveraine puissance dont il est l’auteur, ils joignent l’éclat des vertus dont il est la source.t »

Mais reposons-nous un instant, puisqu'à un pareil abaissement de la chaire protestante nous pouvons opposer le ferme esprit que des protestants aussi, momentanément français, surent montrer à l'égard du conquérant.

En 1803, les pasteurs genevois recevaient une lettre du ministre des cultes exigeant des prières publiques en faveur du succès des armes françaises dans la guerre contre l’Angleterre et ses alliés. Le consistoire opposa un refus formel et catégorique et se borna à ajouter à la liturgie la phrase que voici: « Nous appelons les bénédictions du Ciel sur les Justes entreprises du gouvernement? »

Cette résistance ne fut pas châtiée comme on aurait pu s’y attendre, et le fait montre bien que Napoléon ne réclamait pas un aplatissement plus digne de la Chine que de l'Europe de la part des protestants de France, ayant en somme moins à redouter de

1 Calendrier pour 1809, p. 230. 2 Voir Gaberel, Histoir : de l'Eglise de Genève, IIl.p.410.