Histoire du protestantisme français pendant la Révolution et l'Empire

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toute leur sécheresse flétrie par le manque de sève évangélique.

& Il y avait dans le Haut-Dauphiné, écrit un témoin, dans les veillées d'hiver, des discussions entre protestants et catholiques; l'accord était malaisé à établir. Les catholiques restaient catholiques ; les protestants, protestants. Au fond, la différence était moins marquée qu'il ne semble. La conduite, les goûts, les habitudes, les mœurs étaient les mêmes, ou peu s'en faut. Les uns allaient à la messe, les autres à l’assemblée. L’adoration en esprit était inconnue ; le salut par grâce, par la foi, le salut de Jésus-Christ, personne n’en parlait. La religion était pur formalisme : elle se renfermait dans des pratiques tout extérieures, plus ou moins simples, plus ou moins compliquées, selon qu'il s'agissait du culte romain ou du culte réformé! ? »

Transportons-nous maintenant dans le Gard, en l’année 1805. « Dans toute la région, presque en tous lieux les temples étaient déserts. À Nimes, sur une population de 15,000

protestants, cinquante personnes a peine

*P.-F. Martin-Dupont. Mes impressions, p. 20, cité par Maury, le Réveil, I, p. 240.