Histoire du protestantisme français pendant la Révolution et l'Empire

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été formelles, et il les devait tenir jusqu'à un certain point. C'était de bonne logique; puisque Napoléon désirait dominer sur les esprits par le moyen de la religion, puisqu'il voyait dans chaque prêtre un gendarme en soutane plus utile que son confrère botté et galonné, il devait pourvoir à ce que le corps pastoral recût un recrutement normal, par conséquent eût son pain assuré, son domicile fixe, tienne son rang et soit entouré de la considération indispensable à son autorité et à son prestige.

Dès son premier rapport, Portalis constate que le nombre des pasteurs est très insuffisant. La circonscription du Poitou, pour 31,000 protestants, ne compte que 7 pasteurs; on en établira 14. En Normandie, l'écart est plus considérable encore, car les ministres ne sont que 8 pour une population réformée de 50,000 âmes ; il en faudra 16 au minimum. Au total, il y a un ministre pour 3150 protestants. [Il en faudrait, dit-il, un pour 2420,

1 Compte rendu de la situation générale du protestantisme français, dressé par Portalis, chargé par le consul Bonaparte de préparer une législation pour organiser les cultes protestants, Bulletin du prot.l, p. 183,