Histoire du protestantisme français pendant la Révolution et l'Empire
qu'en « naturalisant » la religion du Christ, bon gré, mal gré. L'Evangile devient « le pur bon sens, le sens commun développé, mis par écrit, intelligible pour les plus simples, le. sens commun autorisé par une éclatante sanction des cieux‘ ».
Cela est vrai de Genève, et c'est vrai probablement aussi de la France entière.
Nous serions en plein rationalisme allemand si la croyance en tous les miracles, en l’inspiration des Ecritures, en la divinité du Christ ne venait se surajouter au tout. On y croyait, parce que les pères l'avaient enseigné. On y croyait, mais pratiquement on n'en voyait point la nécessité. On y croyait, mais on nen tirait pas les conséquences nécessaires relatives à la chute de l’homme, à l'impossibilité du salut par les œuvres, à l’action de ces doctrines sur la vie chrétienne de tous les jours. Elle fut au dessus de cette vie, au dessus de la discussion, elle fut une croyance supranaturaliste. Et lorsqu'aux grands jours de fêtes chrétiennes on la devait proclamer, c'était toujours dans les mêmes
termes, dans une langue figée, hommage né-
1 Lullin cité par De Goltz. Genève religieuse, p. 94.