Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

2 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

une valeur personnelle fort supérieure à son âge. Enchantés des brillantes dispositions que montrait leur fils et désireux de le mettre à même de les cultiver, ses parents résolurent de l'envoyer passer quelques années à Paris. [ls estimaient, non sans raisOn, que les études sérieuses allaient seulement commencer pour lui et que le véritable complément d'une éducation libérale ne pouvait se faire avec succès que dans la capitale des lettres, des arts et des sciences, avec les mille ressources intellectuelles qu'elle offrait à la jeunesse et sous la direction des plus illustres professeurs. Edmond jusqu'alors n'avait jamais quitté le toit paternel, si ce n'est pour faire de courtes villégiatures chez des amis et dans les environs de Bordeaux. Quand ses parents se furent déterminés à se séparer de lui, ils ne voulurent naturellement pas l'abandonner seul sur le pavé de la capitale; ils le confièrent à un jeune médecin de vingt et quelques années, M. Terrier, dont le caractère leur inspirail . toute sécurité, et qui devait, tout en surveillant et en instruisant son élève, compléter lui-mème ses études de médecine et de chirurgie.

Après les événements si considérables qui venaient de s’accomplir pendant l'année 1789, on peut aisément supposer combien la perspective d'assister dans Paris même aux suites de la Révolution et aux modifications si profondes qu'on pressentait devoir se produire