Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 277

mille voix au moins et par tous les échos d'alentour. L'autel était éclairé par plusieurs candélabres et par une multitude de torches, ce qui formait l'effet le plus imposant. Les danses et les chants n'étaient interrompus que par les applaudissements les plus longs et les plus multipliés. Tu ne pourras t'imaginer combien cette fête a élevé le thermomètre de l'esprit public. nos aristocrates en crèvent de rage. Chénier a composé ces hymnes, Gossec la musique et David tous les dessins dont étaient décorés les enseignes et le char de la liberté, char dont j'ai oublié de te parler, mais dont je crois te donner une idée assez juste en t'assurant qu'il surpassait en hauteur et en majesté celui qui servit à l'apothéose de Voltaire.

« Adieu, j'ai grand besoin de repos, je vais me mettre au lit, les rues retentissent de tous côtés des cris de Vive la Nation! et des airs chéris de la liberté. Le Roi n’a point été à Saint-Cloud, mais les Tuileries ont été fermées pendant tout le jour. Bonsoir. »

Quelques jours après, la fête de Pâques avait lieu ; notre étudiant en profitait pour se rendre au temple et yremplir les devoirs de sa religion. Il est curieux de voir comment le culte s'y célébrait pendant cette période de la Révolution.

« Paris le 24 avril 1799, l'an IV° de la liberté. « Maman,

« J'allai le jour de Pâques à la nouvelle église des 16