Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

276 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

ordre et la plus aimable gaieté. Le peuple faisait luimême la police; pas une seule baïonnette n'a paru aujourd'hui dans cette enceinte consacrée à l’allégresse publique. Voilà qui répond à bien des calomnies.….. Dispense-moi de te détailler tous les incidents de cette délicieuse journée. je suis encore plongé dans l’enthousiasme du plaisir, mon cœur est encore plein des douces sensations dont il s'y est abreuvé, et tu sais que le sentiment n'est pas un état de l’âme qui dispose à l'analyse.

« Je ne puis cependant m'empêcher de te parler du vertueux Pétion et de son digne ami Robespierre que la bienveillance publique a seule fait remarquer, confondus qu'ils étaient dans un cortège composé de tous les vrais patriotes, qui se sont distingués dans la carrière révolutionnaire. Ils se tenaient par la main et donnaient à tous les cœurs le doux exemple de l'union et du civisme. Arrivés sur l'autel, ils ont entonné des hymnes à la liberté, dont les airs mélodieux respiraient la gaieté la plus sentimentale; ils étaient accompagnés par deux cents musiciens environ et par une troupe de jeunes filles. L'on n’a pas oublié ensuite quelques-unes des chansons patriotiques que je t'ai envoyées et principalement celle qui commence par ces mots :

« Veillons au salut de l'Empire, ete. »

« Cet air martial était répété en chorus par deux cent