Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 975 vieux, qui ont échappé à la vengeance de la cour!. » Un char magnifique, trainé par vingt chevaux superbes et parés des couleurs constitutionnelles, avec des guides en bonnet rouge, terminait le cortège ; ce char, haut de deux étages, était surmonté d'une statue de la Liberté portant la corne d’abondance et tous les attributs de la gloire et du bonheur.

Le cortège était interminable et il mit plus d'une heure à défiler au milieu des applaudissements de l'assistance et des cris mille fois répétés : « Vive la Liberté! Vivre libre ou mourir! »

Pétion, maire de Paris, n'avait pris aucune mesure de précaution ; il avait voulu confier au peuple luimême la police de ses plaisirs. Pas une patrouille, pas une garde nationale en armes !

Tout se passa néanmoins dans un ordre parfait, s’il faut en croire notre narrateur,

Edmond, bien entendu, suit la cérémonie d’un bout à l’autre, et il en fait une description enthousiaste :

« 15 avril 1799, du dimanche soir à 9 heures.

« Nous arrivons du champ de la fédération excédés de fatigue et de plaisirs ; depuis trois heures entières nous n'avons fait que danser des farandoles autour de l'autel de la patrie et crier : vive la liberté! Nous en sommes enroués. Tout s'est passé avec le plus grand

1. Journal d'une bourgeoise.