Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. + 979,

Il est intéressant de rapprocher de cette description une visite dans une église catholique où un prêtre constitutionnel occupe la chaire.

« 19 mai 1792.

« J'ai été au sermon à Saint-Eustache, écrit une contemporaine. Jamais, non jamais, la chaire de vérité n'a été si dignement remplie. L'orateur a fait un discours, étincelant de traits d’éloquence, sur les moyens de prévenir la guerre civile et de rendre avantageuse la guerre étrangère. L'Évangile et la Constitution à la main, il a prêché la Liberté, l'Égalité, la Fraternité avec les foudres du génie. Les tableaux qu'il a faits de la perversité des tyrans et des cours, de l’avilissement et du malheur des peuples, étaient d'une vérité si frappante, que je n'ai rien lu de si beau et de si fort depuis la Révolution. Le contraste, qu'il a amené avec art, d'un roi citoyen qui, religieux à la foi du serment, marcherait d'un pas ferme dans la carrière de la vertu, en s'élevant avec la Nation au sommet de la gloire, était d’une ironie touchante et magnifique. Enfin, mon ami, les Fléchier et les Bourdaloue dans leurs triomphes n'ont rien de si beau. Dans le moment où il invoquait le tonnerre de la justice divine sur les têtes criminelles par l’apostrophe la plus sublime, un véritable coup de tonnerre à fait retentir les voûtes de l’église. La superstition romaine en aurait bien auguré que Jupiter était favorable. Pour nous, nous avons admiré