Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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PENDANT LA RÉVOLUTION. 361 toujours avant le 10 Août; au reste j'ignore ses talents. « Il est un être qui le dispute en immoralité et en méchanceté à Marat lui-même, c'est Camille Desmoulins ; il n'est pas de bassesses et de crimes qu'on ne Jui fit faire. Il à tout l'esprit et toute la malignité d’un homme corrompu.

«Legendre a la manie de dénoncer sans cesse: je ne lui ai vu faire que cela aux Jacobins. Si les autorités constituées continuent à marcher dans le sens des principes, il sera pour toujours réduit au silence: je doute que sa tête puisse enfanter une loi sage et prudente; il est bon, tout au plus, pour les mesures d'urgence. On distingue en lui un grand caractère d'indépendance; son éloquence est brute, mais mâle et persuasive. La nature semble l'avoir fait pour haranguer la multitude, mais voilà tout.

« Fréron, le fils du fameux Fréron si couvert de ridicule et d'opprobre par Voltaire, est un frénétique ami de Marat. Il a rédigé l'Orateur du peuple; c'est donner la juste mesure de ses talents et de ses principes. « L'esprit se repose avec plaisir sur le bon et vénérable Dussault; c'est la probité personnifiée. Son patriotisme s'est prononcé depuis longtemps avec une indicible véhémence, que les glaces de l'âge n'ont point refroidie. Son élocution est fleurie et pleine d'énergie. [l avait dès l’ancien régime, consacré sa plume

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