Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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: £ 360 « LE JOURNAL D'UN ETUDIANT

estimable, des dettes nombreuses, voilà ce qu'on reproche à Danton; mais, en revanche, on admire en lui l'homme d’État, de grandes vertus politiques, une âme intrépide et forte, une éloquence irrésistible, une vaste perspicacité de vues; heureux si avec ces grands avantages, il ne se livrait trop souvent à des passions haineuses et jalouses ! Du reste, sa conduite dans le ministère lui a mérité l'estime universelle.

« Collot d'Herbois ne manque ni de talent ni d'énergie. À la vérité, cette énergie dégénère quelquefois en exaltation. C'est un de ces hommes faits pour un moment de crise et de Révolution, un déclamateur adroit, quoique plein de chaleur et de véhémence ; je doute de ses talents en fait de législation, mais non en fait d'insurrection.

« Manuel, original dans ses opinions comme dans son style, doué des grands principes à l'ordre du jour, d'une grande facilité à s'énoncer, et d'un caractère prononcé, a fait éclater beaucoup d'intelligence et de patriotisme dans son administration de procureur de la Commune. Il m'a toujours paru un magistrat intègre, éclairé, courageux, pénétré surtout de ce grand principe, qu'il faut tout tolérer, excepté l'intolérance. «Un homme dont j'attendais mieux est BillaudVarennes; tout le monde est généralement mécontent des principes exagérés qu'il a déja manifestés. Le défaut principal de tous ces messieurs est de se croire