Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 559

Notre étudiant assiste à plusieurs séances de la Convention et il adresse à son père un portrait succinct des principaux députés de Paris : il n’est pas sans intérêt de connaître les jugements qu'il porte

déjà sur ces figures dont la plupart ont laissé dans l'histoire une si triste célébrité :

. «Paris, 2 octobre.

« Tu m'as demandé, papa, mon sentiment sur chacun des députés de Paris ; je satisfais à ton vœu.

« Un de ceux dont la nomination atteste surtout la lächeté et l'étrange turpitude des électeurs, un de ceux que l'opinion publique réprouve avec le plus de force, est, comme tu ne l'ignores pas, le forcené Marat. Quels que soient cependant les projets désastreux de cet homme sanguinaire, je crois qu'il y a encore plus de folie dans sa tête que de perversité dans son cœur. Quelle étonnante dégradation !

(Après Le nom de Marat l'opinion publique place, à regret sans doute, celui de Robespierre. Voilà quelle est la juste récompense des excès où l'ont entraîné son amour-propre et son opiniâtreté dans des opinions erronées. Voilà quel est le triste résultat des louanges sans nombre que nous lui avons prodiguées ; c'est nous mêmes qui gâtons les hommes publics. Lorsqu'à peine nous devrions leur témoigner de la reconnaissance, nous les comblons d'honneurs et de flatteries.

« Des vices domestiques, une conduite privée peu