Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

JOURNAL D'UN ÉTUDIANT PENDANT LA RÉVOLUTION. 27

trées toute leur tendresse et toutes leurs espérances. John, d'un an plus jeune que son frère, était resté près d'eux et leur plus vive sollicitude se reportait naturellement sur le fils absent. M. Géraud traite Edmond avec une grande douceur et l'affection la mieux entendue : «Je ne suis pas seulement ton père, lui écritil, je suis surtout ton ami »; et il le lui prouve de mille manières. Il n’exerce sur lui aucune pression ; il se borne à le guider, à le diriger; il cherche à le faire profiter de son expérience, mais il ne lui impose pour son avenir aucune de ses propres idées.

Mme Géraud était la plus tendre des mères, ses lettres sont des modèles d'affection maternelle et de bonté. Elle adore ce fils qui vit si loin d'elle; c’est avec une touchante sollicitude qu'elle s'inquiète de son bien-être physique et moral. Sans cesse elle lui envoie du linge, du chocolat, du sucre, des vêtements, des bas de soie « pour danser », enfin les mille petits riens qu'elle suppose pouvoir lui être utiles ou agréables et que devine si bien un cœur de mère. Elle se préoccupe aussi du salut de son àäme, elle lui recommande souvent de ne pas négliger, au milieu du tourbillon dans lequel il vit, celui qui « est la source de toutes les vertus et la cause première de toutes choses », elle l’exhorte à remplir exactement les devoirs de la religion réformée à laquelle il appartient.

La réponse du jeune homme est bien dans le ton de l’époque :