Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA REVOLUTION. 51

retombent dans le néant et servent à chauffer notre vieux concierge qui a la goutte. J'ai remarqüé qu'il les regardait avec des yeux avides et qu’il semblait leur dire : Vaines images, vous rentrerez dans la poussière, mon feu vous consumera. »

Il était aussi convenu qu'au printemps le jeune homme assisterait à des cours de chimie et de botanique « Nous nous préparons, dit-il, à un cours de chimie que l'éloquent Fourcroy va ouvrir au commencement de mai. Sa facilité à manier la parole le rend un des plus fermes appuis de la nouvelle théorie. MM. Lavoisier et Berthollet font les découvertes et lui les fait valoir dans ses leçons; aussi l'appelle-t-on le trompette de Lavoisier. »

Edmond nous raconte lui-même l'emploi de sa journée :

& À six ou sept heures nous sommes sur pied, M. Terrier pour aller à l'hôpital, et moi pour travailler la leçon de mathématiques qu'il m'a donnée la veille. Il revient à huit heures les poches pleines de quelque chose de bon pour déjeuner; alors, quittant l'ouvrage, je me mets à jouer des dents. Cette belle occupation finie, M. Terrier me donne une leçon de mathématiques jusqu'à dix heures; il part pour l'Hôtel-Dieu et j'analyse ce qu’il m'a expliqué jusqu'à onze. Je vais alors au Collège de France, à la classe de M. Sélis. Toutes les fois que je l’entends, il me