Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)
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mariage des prêtres et qu'alors sa verve s'échauffe singulièrement; le bruit court qu'il a depuis longtemps en vue quelque Dulcinée du Toboso. »
Edmond prenait encore deux fois par semaine, le mardi et le vendredi, des lecons de dessin à l’Académie de peinture, qui se trouvait dans son voisinage :
« L'Académie de dessin est dirigée par MM. Bachelier, peintre du roi, Godefroi, Macharty et Huet. Nous sommes 800; je concours au 1* prix de l’année prochaine. « Nous avons écrit une lettre à M. de Bailly et à M. de La Fayette pour les prier de permettre que leurs bustes soient placés dans l'Académie au milieu de la principale salle. Ils nous l'ont accordé. »
Le concours auquel Edmond fait allusion durait la plus grande partie de l’année :
« Nous concourons pendant six mois à l’Académie de dessin. L'on change nos modèles de deux jours en deux jours. Nous traitons tous le même sujet, c'est-àdire tous ceux qui peuvent concourir, car de 800 que nous sommes, il n'y. en a que 200 qui en soient capables. Ce que je trouve de désagréable, c’est que l'on garde tous les dessins que nous faisons; on les encadre et ils sont exposés dans les salles de l’Académie jusqu'à ce que l’on distribue les prix. Je ne sais ce qu'ils deviennent ensuite : sans doute qu'après avoir été longtemps un objet de gloire et d’admiration, ils