Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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la morale, les langues orientales et classiques. Delille y professait la poësie, Lalande l'astronomie, Daubenton la physique expérimentale, Foureroy la chimie, etc., etc.

Notre jeune étudiant suivait particulièrement les cours de MM. Sélis et Gournand : « M. Sélis est très érudit, dit-il, et possède des connaissances profondes sur la Jittérature; jamais je n'ai vu d'homme dont le visage exprimât mieux les sentiments dont son cœur est agité. » Il lisait à ses auditeurs l'Odyssée et leur traduisait les fables de Phèdre.

M. Gournand avait pris pour texte de ses conférences le Contrat social :

« Outre M. Sélis, écrit Edmond, je suis depuis quelque temps, au Collège de France, M. Gournand, autre professeur d'éloquence : il commente le Contrat s0cial de J.-J. Rousseau. Tout le monde s'accorde à dire qu'il a de très bonnes réflexions. Quoiqu'il soit ecclésiastique, il est partisan zélé de la Révolution: il n’a rien à perdre à la vérité, aussi nous démontre-t-il avec force comment tout ce qu'a prédit Jean-Jacques ne pouvait manquer d'arriver; il nous dévoile tous les biens à venir qui émaneront de la nouvelle Constitution ; il nous met sans cesse sous les yeux les Droits de l'homme; il tonne avec éclat sur tout le haut clergé, il lance des brocards amers et satiriques sur les moines et sur la Sorbonne. L'on a observé que

dans toutes ses leçons, il en revient toujours au 9