Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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PENDANT LA RÉVOLUTION. 4

être le foyer. M. de Calonne est le ministre de la petite cour fugitive. C'est en vain que la famille royale désapprouve les agissements du comte d'Artois et de ses amis, on ne l'écoute pas, et l'on conspire de plus belle, sans se soucier des dangers auxquels on l’expose. Marie-Antoinette peut écrire à Mercy le 20 juillet 1790 : « L'extravagance de Turin paraît à son comble. Il n’est pas même sûr qu’on nous écoute da-. vantage; mais comme notre sûreté et peut-être notre vie en dépendent, il faut tenter tous les moyens jusqu'à la fin .»

On soupçonnait le roi de pactiser avec les conspirateurs et les émigrés; ses intentions devenaient de plus en plus suspectes à la nation. C'est alors qu'il chercha, par des actes spontanés, à convaincre le peuple de sa sincérité. Quand le décret sur les Départements fut présenté?, il se rendit à l'Assemblée pour l'assurer de la loyauté de ses intentions et désavouer hautement les manœuvres des royalistes. Il fit appel à la concorde : « Ne professons tous, je vous en donne l'exemple, dit-il, qu'une seule opinion, qu'un seul intérêt, qu'une seule volonté, l'attachement à la constitution nouvelle et le désir ardent de la paix et du bonheur de la France. »

1. Feuillet de Conches. 2. L'ancienne subdivision par provinces était remplacée par quatre-vingt-trois départements.