Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. ? 45

« Ce n'est pas tout, un Te Deum général doit être chanté demain dimanche à la cathédrale et toute la ville sera illuminée.

« Ge discours à jamais mémorable va étouffer toutes les haines et faire renaître l'ordre banni depuis longtemps de la plupart de nos provinces. Dans le Querey, l'Agenais, le Périgord, les paysans égarés par quelques scélérats commettent des infamies, des horreurs; mais nous touchons au moment heureux de la tranquillité générale. »

On le voit, l'illusion est complète : s'il y a eu depuis un an des heures un peu dures à passer, l'âge d'or va renaître et effacer tous les mauvais souvenirs ; s’il y à eu avec le Roï quelques malentendus passagers, tout est oublié, jamais Louis XVI n’a été aimé et chéri de son peuple comme il l’est aujourd’hui, jamais il n’en a reçu autant de marques d'affection et d’attachement. Il va se promener au faubourg Saint-Antoine et il est accueilli par de telles acclamations qu'il dit à la Reine en rentrant: « On me trompe, je suis encore roi des Français ».

Le serment civique, prêté d'abord par les seuls députés, s'étendit bientôt à tous les citoyens et ensuite à toute la France. Tout le monde se met à jurer, on prête le serment sur les places publiques, l'élan est universel; comme les enfantillages sont toujours fort goûtés aux époques troublées, on jugea que la jeunesse n'était pas un obstacle à l'accomplissement de ce de-

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