Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

46 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

voir nouveau, et l’on demanda le serment aux moindres bambins des écoles et des institutions nationales. Quelques écoles privilégiées recevaient même les honneurs de l’Assemblée :

« Paris, 12 février 1790.

« Tout le monde, écrit Edmond, va prèter dans chaque district le serment civique, dont je t'ai déjà parlé, même les femmes et les enfants. Les écoliers du collège Mazarin, ayant en tête leurs professeurs, se ‘ sont rendus à l’Assemblée. M. le Président leur a fait une leçon pour les exhorter à se rendre dignes de devenir un jour les représentants d'une nation libre ; puis il leur accorda la permission d'assister à la séance. Mais comme l'intérieur de la barre ne pouvait les contenir tous, un député qui avait le plaisir de voir son fils dans cette troupe fit aussitôt une motion pour qu'il leur fût permis de se mêler avec les représentants de la nation ; ce qui fut accepté avec joie par tous les députés. »

Edmond naturellement n'eut garde de se soustraire à l'épidémie régnante, et peu après il put annoncer fièrement à son père que lui aussi avait rempli ses devoirs de citoyen :

« J'ai prêté ainsi que M. Terrier le serment civique entre les mains de M. Necker. Je l’ai vu de fort près ; son portrait lui ressemble assez. Un jeune homme lui a sur le moment adressé un quatrain à sa louange. On