Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)
50 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT
représentant les principales villes fortes du royaume ; dans les cuisines l'on s’extasiait devant ces marmites colossales où, chaque jour, se préparait la nourriture de plus de quatre mille hommes. Dans la salle du Conseil se trouvaient les portraits de tous les ministres de la guerre depuis Louis XIV jusqu'à Louis XVI. Mais laissons notre étudiant nous dépeindre lui-même ses impressions :
« Papa,
« Ceux qui par des blessures reçues pour la Patrie, se sont mis hors d'état de pouvoir la servir plus longtemps, ont obtenu chez toutes les nations un droit à sa reconnaissance et à ses bienfaits. Louis XIV a cherché à rendre cet acte de reconnaissance aussi glorieux qu'il était possible pour le militaire invalide, en élevant près de la capitale ce vaste et superbe hôtel, dernière mais honorable retraite des victimes de Mars. C'est là que le soldat accablé ou d'années, ou d'infirmités, dénué de tout autre secours, est toujours sûr de trouver un asile agréable et commode. L'hôtel des Invalides, voilà ce qui m'a le plus frappé dans Paris. D'abord cette place immense bordée de belles promenades, qui s'étendent sur les deux ailes, m'a paru superbe, quoiqu'elle soit maintenant couverte de pierres et de bois employés à la construction du pont de Louis XVI:
« La façade, vue du côté de la rivière, est des plus