Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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Enfin les beaux jours arrivant, nos amis élargissent un peu le cercle de leurs promenades et désormais ils vont consacrer tous leurs dimanches à d’agréables pérégrinations hors de la capitale. La première de leurs excursions extra-muros est consacrée au bois de Boulogne.

Le Bois, avec ses beaux ombrages, où l'on vient en partie de plaisir les jours de fête, leur paraît un séjour ravissant. Ils admirent le château de Madrid, construit par François 1* à son retour d'Espagne, et percé d’autant de croisées qu'il y a de jours dans l'année; ils visitent Bagatelle, maison de plaisance du comte d'Artois, avec ses rochers, ses grottes, ses eaux jaillissantes, ses prairies, son désert, sa montagne, son lac, etc.; le pavillon est petit mais meublé avec goût: la chambre du prince, en forme de tente, a pour tout ornement des armes et des drapeaux.

De là ils gravissent le mont Calvaire ou mont Valérien; au sommet se trouve un couvent tenu par quelques ermites et où les âmes pieuses, amoureuses de la belle nature, vont quelquefois faire des retraites. La vue des terrasses est unique : de là l'on découvre non seulement la capitale entière, mais encore tous ses environs; l'on peut suivre la Seine et ses gracieux détours, l'œil charmé aperçoit tous les riants villages qui en décorent les rives. Edmond se croit transporté sur les collines du Périgord!

Un grand crucifix est placé sur le point le plus