L'école de village pendant la Révolution

LA CONCURRENCE DES ÉCOLES LIBRES. 165

dont la violence rivalisait avec la faiblesse. On ne saurait imposer ses doctrines à une majorité hostile, que la force de l’opinion entraîne dans un sens contraire. De toutes parts, comme un flot puissant contre lequel on ne saurait lutter, le sentiment religieux, le désir de l’ordre, le besoin d’une autorité respectée se manifestaient et prédominaient.On attendait une main vigoureuse qui les fit triompher, et ceux-là même qui disaient au commencement de 1798 : « Nos campagnes sont désolées par la propagation du royalisme, et l’homme qui les habite ignore presque qu'il est le citoyen d’une république, » ceux-là se doutaient peu qu'ils exaltaient le soldat extraordinaire qui devait détruire leur république, lorsqu'ils ajoutaient : « Le nom du héros qui commande l’armée d'Italie est devenu si doux à prononcer et a charmé les cœurs avec tant de puissance, que malgré l'envie et la malveillance il a pénétré dans les plus obscures cabanes. »

En résumé, tous les efforts du gouvernement élaient venus se briser contre des résistances d'autant plus difficiles à surmonter qu’elles étaient passives et pour ainsi dire instinctives. Comme l'a très bien dit M. Bersot : « On exagère quand on croit que, si on tient l'éducation, on est maître

4 Mémoire sur la situation de l'esprit publie des campagnes adressé par les citoyens du canton de Saint-Georges (Yonne) au conseil des Cing-Cents, Archives nationales, A. F,IIT, 494