L'école de village pendant la Révolution

190 | PIÈCES JUSTIFICATIVES.

maitre d'école. Ce maître d'école publia dans le Journal du 30 juin 1784 une lettre, que nous reproduisons en entier, parce qu'elle fait connaître, tout en donnant de curieux détails, quels pouvaient être le style et l'intelligence d'un modeste magister de village, à la veille de la révolution :

A Monsieur le Rédacteur en chef du Journal de Troyes.

L'auteur du Projet en faveur des petites écoles de campagne et M. son critique ont raison, Monsieur, de ne paraître que sous le masque. Ils feront même trèsbien de ne jamais se démasquer, tandis qu'ils n’auront que des chimères à nous montrer. Le premier veut former des maîtres d'école, en les claquemurant dans une maison de force; l’autre, en leur faisant planter les choux de M. le curé.

Que M. C...n (Courtalon) sache que, sans avoir eu de maîtres de conférences, je ne suis pas un insolent, que je ne fais pas la loi à mon supérieur, que je sais quelque chose de plus que trouver l'office du jour, me promener gravement une chappe sur le dos, et faire trembler mes écoliers en toussant. Pour M. le chevalier de B..., ce philosophe dangereux, qui ne paroît pas l'ami des savants de campagne, qui voudroit que le gouvernement fit main basse sur nos encriers et nos fatras, qui insinue même qu'on devrait nous trailer comme les enfans du boiteux de Pampelune, qui ne consent enfin à nous souffrir que parce que c'est l'usage, et qui pour nous braver, s'égosille encore, en