L'école de village pendant la Révolution

ÉTAT DE L'INSTRUCTION EN 1789. 93

mettre de déprédations dans les champs, soit pour les exhorter à toujours pratiquer leurs devoirs. Le maître d’école d'autrefois se préoccupait avec raison de l'éducation qui tend à élever l’àme plutôt encore que l'esprit. « Pour améliorer la condition des hommes, a dit M. Guizot, c'est d’abord leur âme qu'il faut épurer, affermir, éclairer. »

Il n’en est pas moins certain qu’il était nécessaire de remédier au défaut d'instruction d’un trop grand nombre de maîtres. On peut relever bien des fautes d'orthographe dans les manuscrits qu'ils ont laissés; mais à cette époque, où l’on s’attachait plus au fond qu'à la forme, l’orthographe était traitée avec une sorte de dédain même par des écrivains supérieurs, et l’on croyait plus utile d'enseigner aux jeunes enfants la civililé puérile que la grammaire française *. Dans les villes un peu importantes, les maîtres faisaient partie d’une corporation où l’on n'était admis qu'après avoir fait preuve des connaissances né-

4 La vie de mon père, par l’auteur du Paysan perverti, Neufchâtel, 1779, t. I, p. 4 à 19.

? Il n'était pas question d'orthographe dans les petites écoles de l’Anjou. (F. V. Besnard, Souvenirs d'un nonagénaire, 1880, t. I, p. 55). — D. Mathieu, L'ancien régime en Lorraine, p. 262. — L'art. XIV des Reglemens de l'Evèque de Montpellier porte qu'il sera fait « l'après dinée... à la derniere demie heure ou quart d'heure une lecon d'Orthographe aux grands le lundy, et à tous... le vendredy, de la Civilité, »