L'école de village pendant la Révolution

26 CHAPITRE I.

cessaires ; les frères des écoles chrétiennes les acquéraient dans leurs maisons professes, et ce fut là une des grandes causes de leur succès. Il n’en était pas de même dans les campagnes; les frères n'y allaient point, parce que les statuts de leur ordre leur interdisaient de vivre isolés et que les villages n'avaient pas assez de ressources pour pourvoir à la subsistance de plusieurs maitres ; sauf dans les diocèses, où les curés et les vicaires donnaient l'instruction primaire, sauf dans le Boulonnais où il y avait une sorte d'école préparatoire pour les maîtres, ceux-ci s’instruisaient d'ordinaire dans des écoles de village où l’enseignement était limité ; heureux lorsqu'ils recevaient au presbytère quelque instruction complémentaire. Les bons esprits sentaient la nécessité de les rendre plus instruits et plus éclairés; le curé Courtalon voulait en 1784 que l’on établit dans la ville épiscopale une espèce de séminaire où tous ceux qui se destinaient à une maîtrise d'école seraient obligés de passer un certain temps pour y apprendre les choses nécessaires à leur état. Cette institution aurait été dirigée par un ecclésiastique, et des maîtres d'écriture, d’arithmétique et de plain-chant y auraient enseigné‘. Des vœux analogues furent formulés dans un certain nombre de cahiers de 1789, notamment par le tiers-état de Reims, le

4 L'Instruction primaire dans les campagnes, p. 33. Voir aussi D. Mathieu, L'ancien régime en Lorraine, p.262.