L'école de village pendant la Révolution
36 CHAPITRE Il.
puis plus de vingt ans, écrit-on en Bourgogne, le luxe et le libertinage ayant pénétré partout, les mœurs sont devenues plus dépravées, sans que cependant les principes religieux soient affaiblis dans la plus grande partie. » C’est seulement dans l'Aveyron que l’on dit : « La Révolution qui s’est faite depuis vingt ans n’a rien gagné dans nos campagnes... n0S mœurs ne paraissent ni plus, n1 moins dépravées. « Lorsque l’ex-capucin Chabot parlait ainsi, il montrait bien que dans son esprit la révolution ne datait pas de 1789 et que ses racines remontaient plus haut. Ailleurs, on affirme en réponse à d’autres questions posées par Grégoire, que la révolution avait augmenté le nombre des jurements même parmi les femmes".
Dans tous les cas, on pouvait dire, comme dans le Mâconnais que « si les paysans n'étaient pas plus éclairés, ils étaient au moins plus éveillés. » Is le prouvèrent à l’époque des élections de 1789. On sait que tous les habitants des communautés, âgés de 25 ans et inscrits au rôle des contributions, furent appelés à rédiger leurs cahiers de doléances et à désigner les députés qui les porteraient aux assemblées baillagères. Ce n’étail pas la première fois qu’on invitait les paysans à présenter leurs
1 Lettres à Grégoire, p. 89. — On dit aussi en Normandie : Depuis plusieurs années, la jeunesse se dérange dans les campagnes. le dérèglement fait de plus en plus des progrès. (Hippeau, Les cahiers de 1789 en Normandie, 11, 244.)