L'école de village pendant la Révolution

38 CHAPITRE Il.

part était à Paris, se répandaient jusque dans les villages les plus reculés ; il est vrai de dire qu’en 1789 des formulaires imprimés furent envoyés dans les campagnes et que souvent on se contenta de les reproduire‘; mais cette diffusion de l'opinion publique n’était point un phénomène nouveau, car on peut le constater en parcourant les cahiers des châtellenies et des paroisses de Champagne en 1576 et en 1614. Elle ne saurait témoigner non plus en faveur de l’universalité de l'instruction primaire; puisque, dans les assemblées électorales de 1789 comme dans beaucoup d’autres, c’est toujours une minorité, une sorte d'élite, qui parle et qui fait agir. Les cahiers qu’il m'a été donné de parcourir ne sont d'ordinaire signés que par le juge et son greffier ; lorsqu'ils sont signés par les habitants, les deux tiers environ des comparants y ont inscrit eux-mêmes leurs noms*. Ce qu’on peut le plus reprocher aux cahiers des campagnes, c'est leur défaut d'originalité ; ils sont trop souvent jetés dans le même moule. Tant les idées d'unité prédominent! C’est à peine si l’on peut citer dans un bailliage quelques doléances sincères, spontanées, éloquentes dans leur naïveté même, comme celles qu’a reproduites M. Fleury

4 Ed. Fleury, Bailliage de Vermandois. Les Elections des Etats généraux de 1789, Laon, 1872, p. 121-199.

2 L'Instruclion primaire dans les campagnes avant 1789, p. 81.