L'administration française dans les pays yougoslaves (1809-1813)

16 BOGUMIL VOSNJAK.

nos principes, notre administration européenne, » (Wémorial, 20 juillet 1816.) — Ce problème de la rénovation européenne se pose encore aujourd'hui, avec cette différence qu’en 1809 l'Autriche était détruite, démembrée, et la Turquie intacte, tandis qu'aujourd'hui c'est la Turquie balkanique qui est divisée et l'Autriche qu'il s'agit de dépecer. En 1809 on créa la Yougoslavie à l’est de l’Isonzo, aujourd’hui on commence à Bitolje (Monastir).

Un autre litre de reconnaissance de la nation yougoslave envers la France c'est que son nationalisme a une de ses sources dans la formation de l'Illyrie française.

Ce fut Napoléon L° qui déjà, après la Révolution, prépara l'unité italienne, et ce l'ut l'impérialisme français qui engendra pour ainsi dire, le nationalisme yougoslave. Rien ne put faire oublier aux Slovènes et aux Croates l'idée nationaliste propagée par Vodnik et réalisée grâce au régime français. Le souvenir de l'Illyrie française où, Serbes, Croates et Slovènes après tant de siècles, se trouvaient enfin réunis, fut un des facteurs principaux du mouvement yougoslave qui commença vers 1830 et qui voulait l’unité intellectuelle autant que politique de tous les Yougoslaves, aussi le Sabor croate demanda-t-il en 1848 l'incorporation de tous les pays slovènes jusqu'à l'Isonzo à la Croatie.

Les romantiques yougoslaves de 1830 ont deux chefs : Gaj né sur la frontière croato-slovène et le Slovène Stanko Vraz. Vraz écrit dans le dialecte de Bosnie dont les Illyriens veulent faire la langue commune de tous les Yougoslaves. Propagateur fanatique de l'idée illyrienne il parcourt le Zagorje, le pays des vignes, allant de village en village, d'une curie de noble à l’autre et de paroisse en paroisse, chez les prêtres catholiques. Partout hospitalièrement recu, il répand avec enthousiasme l’évangile. de ce nationalisme yougoslave très ancien qui, dans les circonstances les plus tragiques attire l'intérêt de l'Europe, et dont les rapports avec l'Illyrie française sont plus qu'évidents. L'yrie française avait une population d'un million et demi; la Yougoslavie de demain en aura presque dix fois plus. Elle sera grande dit-on ; elle sera heureuse; l'ambition de vouloir être la plus grande, l'élue entre les nations, ne la tentera pas; elle ne succombera point à cette folie dont l'Allemagne, d'après Bismarck, s'est laissée