L'administration française dans les pays yougoslaves (1809-1813)

8 BOGUMIL VOSNIAK,

d'hui! Tout comme aujourd'hui l'Europe veut faire de la Yougoslavie une sorte de rempart contre le pangermanisme. L'Illyrie de Napoléon devait servir de défense solide à l'Empire français. Tant il est vrai que le but assigné par la nature à un pays demeure invariable. :

Napoléon a une idée fixe : il veut former de ces peuples qui vivaient sous des lois extrêmement différentes une vation, la nation illyrienne, yougoslave comme on dirait aujourd'hui. La tâche est grande. Marmont, le plus habile administrateur de l'Illyrie, le montre en énumérant les divers éléments qui doivent être soumis aux mêmes lois : les soldats de la frontière militaire, les commerçants de Trieste, les grands seigneurs de la Carniole, les mineurs de Idrija et de Pliberk les marins de la Dalmatie et de l'Albanie, Tous seront égaux devant la loi française. On en constituera un nouveau peuple. Napoléon ne voulait plus de Carnioliens. ni de Carinthiens, ni de Goritziens, ni d'Istriens, ni de Triestins, ni de Dalmales, ni de Croales: il voulait une seule et unique nation : la nalion illyrienne de Yougoslavie, que n'étouffera plus l'esprit régionaliste de l’ancien régime réactionnaire. Cette nation forte et homogène remplira un véritable devoir international, imposé par une siluation géographique exceptionnelle ; elle accomplira une mission humanitaire en répandant les idées occidentales à travers les immensités du monde slave.

Pour former cette nation, il faut réaliser deux buts essentiels : créer une frontière naturelle au nouvel État, et lui donner un système administratif qui unifie réellement les diverses régions.

Il n°y a aux yeux de Napoléon qu’une seule frontière occidentale naturelle capable de délimiter le territoire yougoslave, encore qu'elle sacrifie une partie de la population slovène : c'est la ligne de l’Isonzo. Napoléon, avec son génie militaire, voit en ce fleuve la vraie frontière stratégique : il l'écrivait lui même de Fontainebleau à Champagny. Il préfère les fleuves comme frontières et il fait de la Save la frontière du nord; Marmont partage son avis à ce sujet et c'est lui qui, dans ses mémoires, fera là-dessus une thèse stratégique et politique. L'histoire militaire de la grande guerre prouve que l'Isonzo est un excellent moyen de protection.

La fronlière illyrienne de l’est est celle de la Croatie et de la Dal-