L'administration française dans les pays yougoslaves (1809-1813)

L'ADMINISTRATION FRANÇAISE DANS LES PAYS YOUGOSLAVES. 7

Dubrovnik, centre d'une vie intellectuelle et politique indépendante, étaient des colonies vénitiennes exploitées par la classe gouvernante de Venise. Ce « raffinement de tyrannie » par calcul les laissait misérables, voilà l'opinion de l'agent secret de Napoléon. M. Pellence. (Archives nationales, F'° 66.) La Croatie civile formait une partie du royaume iriunitaire eroato-slavono-dalmale, orgueilleux des traditions historiques, avec son parlement, le sabor, dont la vie conslitutionnelle n'avait de semblable que celle du parlement hongrois. Les Croates n'étaient pas un peuple nomade comme le prétend un Italien dans une revue française, mais c'était un pays d'anciennes mœurs aristocraliques raffinées, avec une civilisation bien slave pleine de souvenirs de son passé constitutionnel. Et ce que Napoléon ajoutail à l'Illÿrie du territoire croate était la plus grande partie de la Zupanija (le Comilat) de Zagreb, où l'ancien esprit croate traditionnel était vigoureux et fort.

Enfin les confins militaires croates élaient la pépinière la plus illustre de soldats héroïques. Chacun sait quelle admiration inspirait à Napoléon le soldat yougoslave de celte région. Les régiments croates des confins mililaires ont été célébrés par l'Empereur et ses généraux; c'étaient les meilleures troupes de l'Empire. Le cœur de soldat de Napoléon se réjouit en étudiant l'administration originale de cette région, qui était un rempart contre les Tures. On ne peut tracer que dans les grandes lignes la vie de cette frontière, où l'administration était tout à fait militarisée et où gouvernait la hiérarchie des officiers : un communisme presque spartiate réglait la vie économique; la famille était militarisée. Mais la frontière militaire était le point de départ des conceptions politiques de Napoléon en ce qui concerne l’'Illyrie. |

Quel était le vrai caractère de l'Illyrie ?

C'était la marche impériale qui devait garantir à l’Empire une plus grande sécurité. M. Pellenc, ancien secrétaire de Mirabeau, un des meilleurs agents secrets que la France ait jamais possédés à l'étranger, écrivait en 1811 dans un rapport qui se trouve aux Archives nationales: « La possession de ces provinces... est un gage presque assuré de-la paix du continent... Elles resserrent l'Autriche en lui opposant une barrière non moins inattendue qu'insurmontable. (Archives nationales, A. F. IV.) Quelle ressemblance avec la politique d’aujour-