L'atomisme d'Épicure

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avec plus de réserve que Ceux de Cicéron, à cause de leur tendance trop accentuée de renversel une philosophie matérialiste qui était directement opposée à leur doctrine. Néanmoins Vopinion s'est formée et répandue qu'Épicure était dépourvu d'érudition et d'esprit scientifique (5); qu'il n'avait pas d'idées propres, ayant emprunté, Sans J'avouer, la Physique de Démocrite et la Morale du cyrénaique Aristippe (2). Gette opinion est autant fausse qu'injuste. Est-ce que notre philosophe était vraiment sans esprit scientifique ? On à prouvé cette affirmation par la déclaration d'Epicure que les phénomènes célestes peuvent être expliqués de différentes manières (3). Il croyait que retenir de plusieurs explications possibles une seule si gnifie quitter le domaine de la physique rationnelle et tomber dans celui de la mythologie (4). Fidèle à son principe, Epicure a, en effet, donné plusieurs interprétations des phénomènes célestes dans sa Lettre à Pythoclès. Cependant nous n€ pensons pas qu'il faut en conclure que l’atomiste n'avait pas le sens de la science. Proclamer plusieurs explications d’un seul phénomène pour également valables n'avait rien d'absurde, si on tient compte du niveau de la science au temps où vivait Epicure @). L'esprit rationnel de l’atomiste est particulièrement mis en évidence par le fait qu'il s’est tourné vers la philosophie quand il a vu que ses maîtres étaient incapables de lui donner une explication du chaos d'Hésiode (6). On peut encore citer, comme preuve que J'érudition avait un grand attrait pour notre philosophe, le fait qu'il a choisi pour modèle le système de Démocrite, d'un savant par excellence. On ne peut pas attribuer le manque de profondeur au philo-

(4) Zeller fait une objection paréille à l'école entière d'Epicure. « Keine andere Schule hat sich s0 wenig um eine tiefere Begründung jhrer Lehre bemüht » (p. 378).

(2) CH D:L.=X,.4; Cic. De fin. 1, 6, 11; Ibid. L 1,23; Tusc- 11,6,19.

(5) Ci. DLL. X, 78.

(4) Cf. Ibid. 81,88.

(5) Au cours de notre étude nous reviendrons encore une fois à celle question.

(6) DL. X, 2: