L'atomisme d'Épicure

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sions, notre philosophe a aussi confirmé sa thèse sur l’existence du vide, en suivant, paraît-il, encore Leucippe et Démocrite (r). De deux corps qui ont la même taille, le plus ‘éger est celui qui contient le plus de vide, le plus pesant celui qui a le moins de vide et plus de matière (2).

Pour mieux démontrer que les atomes, comme les éléments de l'univers, sont formés d’une matière solide et éternelle (3), Epicure établit la différence entre les atomes et l’espace vide. Le corps et l’espace ont une double nature; ils diffèrent essentiellement l’un de l'autre. Donc il est nécessaire que chacun d'eux existe par lui-même et sans mélange. Comme il n’y a point de matière là où s'étend le vide, ni de vide dans le lieu où se trouve la matière, on voit que les éléments des corps sont de matière pleine et sans vide. Cependant dans les corps comjposés se trouve le vide. Mais le vide dans les corps doit nécessairement être entouré de matière solide. On ne peut pas logiquement admettre qu'un corps conlienne lle vide dans sa substance, sans accorder la solidité aux éléments qui enveloppent ce vide. Donc les atomes sont indestructibles, tandis que les corps composés peuvent être décomposés (4).

Un argument général pour l'indestructibilité des atomes est encore ajouté. Si la nature n'avait pas prescrit de borne à la destruction des choses, les éléments de la matière, après l'action destructive de tant de siècles passés, seraient tellement épuisés que les corps composés par eux ne pourraient

se développer complètement. Comme les corps peuvent être

détruits plus vite qu'ils ne se reforment, le fait que dans la nature les réparations sont proportionnées aux pertes est l'argument évident que les atomes doivent être solides (5). De

(4) Cf. Arist. De Caelo, IV, 2,209 a, 2.

(2) CE De R. N. I, 564567.

(3) CE. D.L. Æ, 49 ; De R. N. I, 486-502 ; Cic. De Fin. T, 6,17 : « Corpore. individua propter soliditatem. »

(4) De R: N. I, 505-519.

(5) Ibid. I, 551-d64; 577-585.

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